L’après-midi du 18 décembre, les ptiotes et les ptiots ont décidé d’aller faire un tour sur le Marché de Noël. Y’avait du monde ! Eh, qui résisterait à un bon vin chaud bu au milieu de ces multiples objets indispensables fabriqués pour une bonne partie par des enfants ou des prisonniers politiques ?
Vu que c’était la période des fêtes, les Moreau sont arrivé·es avec leur stand de suicide : « N’ATTENDEZ PLUS LA RETRAITE, SUICIDEZ-VOUS POUR LES FÊTES », qu’on pouvait lire sur la pancarte. L’idée, c’était de proposer aux bonnes gens lassés de l’existence de venir passer de vie à trépas sur le stand qui se chargeait ensuite de redistribuer la viande de leur corps pour les repas de Noël. C’était tout bien organisé, avec une visite médicale de la doctoresse Bovary, le choix de la mort en conscience (strangulation en solo ou en duo, arme à feu, poison, étouffement par sac plastique biodégradable…) et ensuite le passage à la boucherie.
Y’a très vite eu du monde sur le stand (faut dire que la période des fêtes est celle où l’on recense le plus de suicide) et ça commençait à faire de l’agitation dans les méninges et les émotions, quand le placier du marché de Noël est venu nous dire sans beaucoup d’élégance que si on dégageait pas dans les 5 minutes, il appelait les flics…
Le nombre de policiers qui se suicident ne cesse d’augmenter. Peut-être intéressant d’en parler dans l’espace public ? Comme la castagne avec les flics et/ou les commerçants était pas inscrite au menu des possibilités de suicide, on a dégagé pour aller ailleurs, avec deux-trois badaud·es qui nous soutenaient (faudrait que je leur propose de sporer avec nous la prochaine fois !).
Bon, on avait à peine recommencé à s’installer que la police est arrivée, qu’il a fallu sortir les cartes d’identité et dire que non, en effet on avait pas l’autorisation de monter ce stand ici, et qu’on a fini par démonter. Pas facile de comprendre ce qu’il se joue dans l’occupation autorisée ou non de l’espace public aujourd’hui, je vais écrire un article bientôt sur le sujet, dans quel cadre, et comment on devrait questionner tout ça, notamment à l’approche des élections municipales.
Il n’empêche que le débat autour de la question du suicide s’est quand même un poil immiscé dans l’histoire, parce qu’y a un flic qui a parlé des scènes de suicide sur lesquelles il était intervenu, et ça commençait à débattre entre eux sur le tabou autour du suicide dans la société. C’était déjà pas mal. On s’est dit que c’était à refaire.
En parallèle, y’avait plusieurs Moreau lâché·es sur le marché. Si vous vous y êtes balladé·e ce jour-là, vous avez pu croiser : Un lutin qui jouait au bonneteau et vous proposait de gagner des points pour votre retraite, un Père Noël fort mal en point qui faisait la manche et puait la vinasse, un lutin lui aussi en détresse pécuniaire, et un couple de Pères Noël amoureux qui se roulait des galoches sur le manège et répondait aux questions de enfants : « C’est qui le papa c’est qui la maman ? » « On est deux papas qu’est-ce tu crois ? Lui c’est Pépé, moi c’est Nono, et on est amoureux ! »
Le père Noël et les lutins galèrent, Amazon leur a piqué leurs boulots… Allez, Joyeux Noël ! De l’amour tendre, de l’amour fougueux. De l’amour qui fait tourner. A Noël, de l’amour et du bon sexe !
Des biges et à bientôt pour le troisième épisode des Spores de décembre !
Arlette
P.S : ça vous dit on boycotte Amazon ?